Si vous avez déjà déménagé à l'étranger, vous savez que les plus grandes surprises viennent souvent des choses les plus banales. Pour un nouvel arrivant, le supermarché est le premier miroir de la culture et des habitudes locales. Et croyez-moi, parfois, le reflet est choquant.
C'est exactement ce qui est arrivé à un expatrié allemand qui a quitté Ratisbonne (Bavière) pour s'installer en Autriche. Il s'y plaît beaucoup, mais une chose le rend fou : les supermarchés locaux. Son témoignage, publié sur Reddit, a déclenché une vague de réactions. Que s'est-il passé, et en quoi ses critiques reflètent-elles une réalité que nous pourrions également reconnaître en France ?
La "malédiction" des prix, des caisses et des horaires : ce qui rend l'expérience insupportable
Notre Allemand s'attendait à une transition douce entre l'Allemagne et l'Autriche. Après tout, ce sont des voisins. Mais l'expérience du chariot s'est avérée être un véritable chemin de croix. Il a résumé son désarroi en quatre points précis.
Prix : l'addition salée autrichienne
Le premier point soulevé est le coût. Selon lui, "tout y est trois fois plus cher qu'en Allemagne". Cette perception d'un « supplément Autriche » sur les produits de consommation courante est souvent discutée en ligne. Même si nous, en France, subissons aussi l'inflation, cette différence de prix transfrontalière est frappante pour les nouveaux arrivants.
Productivité zéro : le supplice de la caisse
C'est peut-être le point le plus agaçant : les caisses. L'expatrié s'exclame : "Des attentes éternelles à la caisse ! Je ne sais pas comment vous tenez le coup." La raison ?
- Le manque généralisé de caisses automatiques ("self-checkout") comparé à l'Allemagne.
- Le fait que, la plupart du temps, "seulement une ou deux caisses sont ouvertes", quelle que soit l'affluence.
Cette lenteur institutionnelle est un vrai choc pour ceux qui sont habitués aux systèmes optimisés de nos grandes enseignes françaises.
Horaires : le couvre-feu du caddie
Imaginez que vous finissiez le travail tard et que vous ayez besoin de faire des courses urgentes. En France, nous avons l'habitude des supermarchés ouverts jusqu'à 20h, voire 22h dans les grandes villes. En Autriche, c'est l'inverse :

« Les horaires d'ouverture sont le prochain cauchemar. Ai-je besoin d’en dire plus ? Je n’aurais jamais pensé trouver un pays où les supermarchés sont ouverts moins longtemps qu’en Bavière. »
C’est un obstacle pratique non négligeable, obligeant à modifier radicalement son organisation quotidienne.
Sélection : moins de choix et moins d'offres
Enfin, il critique la sélection. Moins de choix, moins de marques, moins de diversité. Il résume : "Dans l'ensemble, les supermarchés sont remarquablement médiocres ici."
La réaction des Autrichiens : entre fatalisme et qualité régionale
Le post a explosé, recevant des centaines de commentaires. La réaction principale a été un fatalisme désabusé. Un utilisateur de Salzbourg a répondu la phrase culte qui a obtenu des centaines de votes positifs : « Nous tenons le coup parce qu’il n’y a pas d’alternative à ne pas tenir le coup. » Une vérité douloureuse, n'est-ce pas ?
Beaucoup d'Autrichiens confirment : "La seule autre option est de faire ses courses à la frontière dans un autre pays, ce que beaucoup ne peuvent pas faire. C'est vraiment fou à quel point notre secteur alimentaire est 10 fois pire PARTOUT. Plus cher, ouvert moins longtemps, moins de choix, plus lent."
Le point de vue des défenseurs : la densité et la qualité
Cependant, tous ne sont pas d'accord. Certains s'opposent, affirmant que la qualité de leurs produits régionaux est meilleure. Un Autrichien vivant en Allemagne a contredit l'idée : « Chaque Eurospar a une offre nettement meilleure et plus fraîche que les Rewe et Edeka que je connais ici. Surtout les comptoirs de boucherie, etc. »

D'autres soulignent un atout majeur autrichien : la densité. "Nous avons un supermarché à presque chaque coin de rue. Parfois même deux ou trois." Cette proximité compense-t-elle les désagréments ? C'est la question que se posent les lecteurs.
L'astuce pour survivre au choc du supermarché (même en France)
Que cette situation soit en Autriche ou dans une petite ville française peu fournie, la solution réside toujours dans la planification et la connaissance locale. Voici l'approche d'initié que l'on m'a soufflée à Vienne, et qui vous sera utile partout où l'offre est limitée :
Devenez le "chasseur de supermarché" spécialisé :
- Le Tri Spécialisé : N'achetez pas tout au même endroit. Réservez l'épicerie de base et les produits secs au magasin le moins cher (Lidl/Hofer).
- La Fraîcheur : Pour la viande, la charcuterie et les produits laitiers spécifiques, allez au magasin réputé pour sa qualité (Spar/Interspar). C’est là que l’argent est le mieux dépensé pour éviter la déception.
- Le « Grand Stock » : Planifiez une fois par mois une virée de "gros achat" dans une zone commerciale périphérique. Non seulement vous gagnerez sur les prix des produits non périssables, mais vous réduirez l'irritation des caisses lentes quotidiennes.
Utiliser les petits marchés du matin pour les fruits et légumes est également une excellente manière de soutenir l'économie locale et de garantir la fraîcheur, tout en contournant les horaires stricts des grandes enseignes.
Conclusion : le "Sudern" rend l'intégration parfaite
Malgré sa critique cinglante, l'Allemand avoue : "Non, j'adore ça ici." Il aime l'Autriche, mais il exprime simplement son choc d'adaptation. Sa plainte générale (le « Sudern » en Autriche signifie se plaindre ou rouspéter gentiment) est d'ailleurs vue par les locaux comme le signe qu'il s'adapte parfaitement à leur culture !
Et vous, quelle est la chose la plus absurde ou frustrante que vous ayez découverte en allant faire vos courses dans une nouvelle région ou un nouveau pays ? Partagez vos expériences pour nous aider à nous y préparer !